mercredi 19 mars 2014

des façons de "voir le monde" : Spinoza par raphael Enthoven

Raphael a l'air d'un ange et ses paroles sont de velours.


N'est-il pas étonnant (et je soustrais Raphael Enthoven de ce soupçon puisque je ne l'ai jamais entendu énoncer ce type de fantasme) que les philosophes entendent soumettre les autres domaines (les sciences sociales, humaines, les sciences tout court) à leur diagnostic ?
Et si les mathématiques se mettaient à décortiquer la philo comme un simple agrégat confus de postulats non démontrés (ou plus ou moins mal démontrés) ? et si la sociologie s'autorisait à s'émanciper du carcan rigide de la philo ? et si la réalité était plus diffuse, plus ontologique, plus glissante telle un savon humide au bord d'une piscine ? et si la théorie était plus construite, plus aboutie, plus élaborée, plus rigoureuse, plus incontestable que les considérations stériles de la philo ?

Considérant que la technologie s'affranchit des frontières et des frontières de la pensée, considérant que la science ne "pense pas" ("science sans conscience n'est que ruine de l'âme") car ce n'est pas son propos (la science dans une posture plus humble ne se soustrait ni à la conscience, ni à la morale, ni au droit), et interrogeant les philosophes sur leurs aptitudes à appréhender (en "temps réel") le monde innervé de technologie dans lequel ils vivent, n'est-il pas agaçant de constater que nombre de philosophes ne comprennent pas qu'il doivent simplement "participer" ou "collaborer" au (=apporter leur pierre à l'édifice du) monde dans lequel ils vivent sans prétendre à en avoir une vision panoptique ?
Interrogeant des philosophes sur la mondialisation des technologies qui inondent notre monde (notre univers est rempli -et sera encore plus rempli- d'objets technologiques non assujettis à des réglementations françaises ou européennes, issues de législation régionale), comment peuvent-ils encore penser "séparément" de cette réalité, en se positionnant au-dessus, ou à l'extérieur pour exercer une sorte de souveraineté philosophique ?
Si l'on m'enlève le coeur pour le remplacer par un coeur électronique, ou par un coeur technologique, suis-je encore moi ? si je rencontre mon clone au coin de la rue, qui suis-je et qu'est-ce qui me caractérise ? si je remplis mon corps de prothèses et d'agrégats technologiques (puces et capteurs) où se trouve mon moi profond : dans ma tête seulement ? est-ce que mon âme serait réduite à ma tête ? dois-je modifier le contenu de ma tête ? dois-je assujettir ma tête à un corpus de savoir "acceptés" et normatés (y aura-t-il une norme garantissant le contenu de ma tête)? dois-je adhérer à une pensée "normale" relativement à la majorité issue d'indicateurs statistiques (à la "majorité" d'individus de la catégorie sociale à laquelle j'appartiens)  ? dois-je remplir ma tête d'un ensemble de données "certifiées et contrôlées" ? 
la philosophie peut-elle s'affranchir de ses limites pour se positionner au-dessus ? pour offrir un regard pensant "le tout" quand elle n'est que "une partie" ?
Peut-on raisonnablement ramener le monde à soi sans risquer de le réduire inexorablement en deça de son étalement plus large ? et si le monde était plus "infini" de sorte que l'entendement humain ne pouvait réellement le saisir ? (#poetryisnotdead)






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