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Le mensonge par omission consiste à diffuser ce qui, parmi le réel ou le probable, convient aux fins poursuivies, tout en omettant ce qui nuit à ces fins. Comme ce qui est affirmé est vrai, ou du moins possible, son image est acceptée dans les croyances. Mais comme cette image manque de ce qu'on omet, les associations mentales de la cible remplissent les blancs, transforment les omissions en non-existence, et lient cette non-existence à la croyance, avec l'intensité de croyance en ce qui est accepté. Le mensonge par omission apporte donc double bénéfice à l'action de communication: une mémorisation de ce qui convient au communicateur, plus la négation de ce qu'il veut qu'on ignore. [...] Un avantage important du mensonge par omission est qu'il n'est pas facile à déceler.
En effet, le menteur par omission ne semble pas mentir, surtout si on croit naïvement que « mentir » se limite à affirmer ce qu'on sait faux, et n'inclut pas le refus d'énoncer ce qu'on sait vrai et important. Or ce refus est difficile à prouver, car il ressemble à d'autres omissions de ce qui est vrai.
En effet :
1) On peut ignorer une partie du vrai, par malchance ou incompétence ;
2) On peut ignorer ou sous-estimer l'importance d'une partie du vrai, et donc préférer occuper le temps limité des messages à diffuser d'autres vérités.
Alors, le mensonge par omission peut être accompli impunément : on ne pourra pas prouver que le communicateur savait ce qu'il n'a pas dit, ni surtout prouver qu'il savait important ce qu'il n'a pas dit ou ce qu'il a empêché de dire. Le mensonge par omission est donc un mode de communication favori des manipulateurs du public. La grande extension de cette pratique a d'ailleurs une conséquence souvent comique : la langue de bois des politiciens et journalistes. En effet, l'efficacité du mensonge par omission nécessite que ce qui a été omis reste omis durant toute l'action médiatique en cours. Et puisque ces actions poursuivent souvent des buts à long terme, les vérités à omettre s'accumulent : on arrive peu à peu à une situation déjà décrite dans Le Barbier de Séville, où les médias doivent omettre tant de sujets qu'ils se limitent à traiter de météo, de sport, de l'étranger, de l'humanitaire, et de toutes les demi-vérités qu'ils sont chargés d'imposer.
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