jeudi 17 avril 2014

L'information est-elle en péril ?

Il y a des craintes à avoir en effet quand on lit cet article stupéfiant sur le supplément Les echos
(lire ici) :
Le quotidien britannique The Guardian s'apprête à lancer un nouveau mensuel aux États-Unis. Le rédacteur en chef de ce magazine a ceci d'étonnant que c'est un robot ou, plus précisément, un robot logiciel. 
Des algorithmes choisiront les articles qui seront publiés dans chaque numéro. À la manière de services tels que Paper.li ou Scoop.it, le choix des articles sera dicté par le nombre de partages Facebook ou de tweets générés. 

Ainsi donc il ne serait plus question de lire des articles d'investigation rédigés par des journalistes, des intellectuels, des penseurs dont on connaît les travaux de recherche et les fondements de leur pensée, mais seulement d'être informé de ce qui plaît le plus sur les réseaux sociaux...
1) La question de savoir s'il est possible de "manipuler" les retweets et le nombre de partages n'est pas abordé (puisque tout le monde sait bien que ces données sont complètement falsifiées : c'est le propriétaire d'un restaurant qui met le plus grand nombre de commentaires élogieux sur son enseigne sur Facebook ou Twitter ; ce sont les rédacteurs des articles sur les sites tels que l'Internaute ou bien d'autres qui ajoutent de nombreux commentaires faisant croire au succès phénoménal de leurs publications...) ;
2) la question de savoir si les lecteurs doivent être considérés seulement comme des "consommateurs" naïfs et grégaires n'est pas soulevée ;
3) la question du rôle des journalistes dans une société au 21e siècle est évacuée : leur rôle est-il d'apporter un complément d'informations avec une grille de lecture sur des événements, sélectionner une information et son contexte permettant d'en comprendre tous les aspects, aller dénicher des informations en dehors des sentiers battus... ou bien abandonneront-ils le navire acceptant que leurs lecteurs ne soient lobotomisés et se bornent à faire comme leurs congénères répétant tels des perroquets stupides les mêmes informations stériles qu'on leur a servies en vue d'abrutir davantage les individus...

"99 cents" - Andreas Gursky (MNAM)

Si l'ère du numérique est exaltante quant aux nombreuses opportunités qu'elle rend possibles, il y a fort à craindre toutefois si elle permet aussi les pires usages et l'asservissement des individus par d'autres en vue de profiter de leur naïveté... Les romans de science fiction ont souvent évoqué un futur sombre assujetti à des dictatures ayant annihilé toutes tentatives de réflexion, de singularité, d'exception, de cas particuliers : ces dictatures ne peuvent survivre qu'en "formatant" l'individu selon un modèle unique. Peut-être est-il temps d'entrer en résistance face à cette tentative d'unifier le goût et la pensée en des modèles identiques et communautaristes ? Jusqu'où doit-on se plier aux contingences imposés par le groupe social auquel on appartient pour ne pas en être exclu ?



mercredi 16 avril 2014

la Vie, la Mort, le Bien, le Mal...

...vus par Denys Arcand qui a beaucoup d'humour et une profondeur subtile (il est devenu rare en 2014 de se poser, à soi-même, des questions sur ces notions fondamentales ; c'est pourtant la seule façon de comprendre la démarche de Denys Arcand... )

samedi 29 mars 2014

Us, Usufruit, Usurpation ...

N'est-il pas étonnant que l'on puisse s'approprier un terme, une tournure de phrase, un slogan, un symbole au point d'en rendre l'utilisation impossible ensuite par les autres ?...

Sur la propriété, Wikipedia nous dit :
"La propriété est un droit qui s'exerce sur un bien meuble ou immeuble, corporel ou incorporel. Elle se divise traditionnellement en trois droits réels :
  • le fructus : le droit de recueillir les fruits du bien;
  • l'usus : le droit de l'utiliser;
  • l'abusus : le droit d'en disposer c'est-à-dire de le détruire en tout ou partie, de le modifier, ou de le céder à un autre.
Ces trois droits peuvent être séparés, démembrant la propriété. Il peut en résulter un usufruit, un usage, une emphytéose ou une servitudeLe propriétaire peut supporter différentes servitudes, souvent anodines (comme l'obligation de laisser passer les ondes radios), mais parfois plus contraignantes (droit de passage). Le propriétaire est responsable de ses propriétés, notamment en cas de dommage sur autrui."
D'ailleurs la propriété figure dans la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, comme étant un droit naturel imprescriptible.


Est-il possible d'utiliser le symbole de l'arc en ciel parce qu'on s'intéresse aux phénomènes météo, ou à la perfection de l'arc de cercle, sans avoir l'air de faire un sous-entendu au mouvement gay ?


Est-il possible de commencer une phrase par "Et si... ?" parce qu'en français cette tournure est la plus simple pour émettre un doute sans donner simultanément l'impression d'agiter les paupières ? C'est tout l'art de Nicolas Bordas, communicant et publicitaire, d'avoir su "labelliser" cette phrase au point d'en acquérir quasiment l'exclusivité...


Est-il possible de faire preuve de générosité simplement par humanité et sans avoir le sentiment de revendiquer une appartenance politique ? Le coeur peut-il être l'objet d'un monopole ?


Est-il possible de mettre le mot "vert" dans une phrase sans faire référence aux mouvements  écologistes ? (Le rouge, couleur du communisme, a désormais perdu de sa signification... il s'en ait fallu de peu que le crocodile de Lacoste ne passe pour un communiste écologiste et altermondialiste ! Boudu ! Sauvé des eaux !)

-------------------------------------------------------

Et si on soignait son innocence, son intelligence et ce qui fait sens (et l'identité pour citer Whitman) le coeur libéré dans une verte prairie baignée d'un arc en ciel ? ;-)